Quelques mots d'un père incarcéré à Mons


Détresse d’un père incarcéré

Etant privé de ma liberté depuis plusieurs années,  je suis à même de pouvoir décrire la souffrance. Mais qu’importe la diversité des émotions ressenties dues  aux aléas d’une incarcération, cela me paraît bien futile si je la compare à ce creux qui s’intensifie au plus profond de mon être. 

Cette douleur qui perce mon cœur tant que mon âme, cette douleur qui ne  peut être comblée que par la présence de ma fille, chaque parcelle de mon cœur garde l’amour que nous nous portons , ce qui réellement me permet de garder constamment la force mentale et la patience qui me conduira jusqu’à ma libération.
Mais bien que ce jour est sans nulle doute existant, je porte chaque instant cette douleur qui me ronge, ce manque intense si profond de sa seule présence, la clarté de son doux visage.

Ce sourire, que la plus grande déesse envierait, son regard pétillant lors de nos visites  resteront gravés à jamais dans mon cœur.
Je n’ai pas la chance de la voir souvent mais dû à mon absence, ce lien qui l’unit à moi est grandement amplifié.
Cela ne pourra jamais être diminué dans ce monde ou bien trop de haine règne en maître. D’innombrable fois, mon état psychique et émotionnel a profondément vacillé en ces lieux.
La tristesse est perçue comme une faiblesse mais je n’ai que faire de ces préjugés car rien en ce monde carcéral et au-delà, ne peut rivaliser avec l’amour que je lui porte car cet amour paternel m’a donné la force et le courage de relever la tête, après avoir connu les tourments de l’impact de mon incarcération et de notre brutale séparation.

Très peu d’espoir sépare  la détresse, le désespoir à l’aliénation. L’ayant frôlé de près, ce trouble envahissant mon esprit, noircissant mon âme, je peux certifier que c’est elle qui m’a sauvé malgré l’obscurité de ce cachot malgré l’effet de poison appelé Haldol coulant dans mes veines, j’ai vu son visage et ressenti son amour et en criant son prénom, j’ai extirpé mon propre démon, le chassant loin de nous.

Désormais, je n’ai nulle crainte, car nos esprits sont en parfaite communion et malgré notre impatience à nous retrouver totalement, nous savons que dans ce monde rien n’est plus fort que l’amour que nous nous portons.

Père détenu à la prison de Mons